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Violences dites « obstétricales » envers les femmes indiennes entre l’Inde et la France

J'ai le plaisir d'annoncer ma participation au colloque Genre & Gynécologie. Savoirs, pratiques et mobilisations qui aura lieu le18,19 et 20 avril 2023 à Aubervilliers à la Maison des Sciences de l’Homme (MSH). Ma communication va interroger les violences dites « obstétricales » envers les femmes indiennes en France et en Inde. Voici l'abstract:


"Né et développé depuis les années 1990 en Amérique latine, ce n'est qu'au cours de la dernière décennie que le terme de « violences obstétricales » a été reconnu mondialement comme une catégorie juridique et sociale. Défini comme une maltraitance de la part de soignant·e·s vécue par les femmes pendant leur grossesse, leur accouchement et les soins de suites de couches, ce phénomène recoupe d'autres axes d'inégalités structurelles tels que le genre, la nationalité, la classe sociale, la couleur de peau et la religion, produisant une expérience négative et souvent violente de ces périodes. Sujet largement médiatisé en Europe, en France le terme de « violences obstétricales » a été repris à partir des années 2010, en particulier dans les réseaux sociaux. Même si ce concept est loin de faire l’unanimité dans l’espace public et politique, plusieurs études mettent en évidence l'impact des maltraitances dans les soins en périnatalité. Les recherches révèlent notamment que les femmes migrantes sont plus susceptibles de subir des processus de racisation, des discriminations dans l'accès aux soins et des soins différenciés. Ce n’est que récemment que les études académiques se sont multipliées également en Inde, mettant en évidence le taux élevé de violences dans les maternités publiques et privées. En effet, les recherches soulignent que l'augmentation de ce taux est lié à l'institutionnalisation des accouchements - débuté dans les années 2000 - et au fait que les femmes issues de milieux défavorisés - à la fois démunies économiquement, analphabètes et de castes basses - sont plus susceptibles de subir ces violences.

L'objectif de la communication est d'interroger, dans une perspective intersectionnelle, les violences dites « obstétricales » envers les femmes indiennes en France et en Inde. D’un point de vue méthodologique, la présentation s'appuie sur l'étude de la littérature anthropologique et sur deux recherches ethnographiques. La première a été menée dans la ville de Bhuj (Gujarat, Inde) entre 2015 et 2018 en milieu médical (un hôpital public et une clinique privée) et dans les maisons des femmes. La deuxième, débutée en novembre 2022 et toujours en cours, est conduite auprès de professionnel·le·s de santé et de femmes sud-asiatiques primo-arrivantes, récemment accouchées dans les services publics de santé en Seine-Saint-Denis (PMI et hôpitaux publics). En partant de la nécessité de questionner le terme de « violence obstétricale », la communication retracera son histoire en France et en Inde pour mettre en évidence la constitution de différentes pratiques et savoirs dans le milieu obstétrical pour faire face - ou non - à ces violences. Ainsi, intégrer une analyse intersectionnelle aide à révéler les dynamiques qui peuvent façonner les vulnérabilités des femmes, en soulignant les renégociations constantes des relations de pouvoir dans un réseau d'oppressions existantes. Enfin, la communication souhaite mettre en relation les expériences et le ressenti de femmes indiennes en France et en Inde, afin de mettre en exergue la présence de normes différentes - liées au genre, à la sexualité, la classe, la caste, la religion et la racisation - qui régissent les relations avec les professionnel·le·s de santé".




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